COMMENTAIRES SUR L’EXERCICE
Environnement économique
(1)
3.1
ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE
En 2020, l’économie mondiale a reculé de 3,8 %1, en volume, sa
plus mauvaise performance depuis 1946, quand son recul avait
été de 8,1 %. Cette crise provoquée par la survenance de la
pandémie de Covid-19 (coronavirus SARS-CoV-2) est
intervenue sur une économie atone, puisque sa croissance était
passée de 3 % en 2018 à 2,5 % en 2019. En plus de son ampleur
rare, cette récession présente les particularités d’avoir une
cause exogène et de concerner toutes les régions du monde.
Le virus est apparu au grand jour en novembre 2019 dans la
province chinoise de Hubei, avant d’être disséminé à travers le
monde par le biais de la circulation des personnes.
L’Organisation mondiale de la santé a déclaré l’état d’urgence
sanitaire en janvier 2020, puis décrété la pandémie en mars.
Après une première vague au printemps, la situation
épidémique a semblé s’améliorer, avant de se dégrader de
nouveau à partir de l’automne, avec plus de vigueur et en
touchant des pays initialement relativement épargnés. Lors de
ces deux épisodes, la quasi-totalité des pays du monde ont
opté pour la protection de leur population, par l’imposition de
mesures de distanciation sociale plus ou moins drastiques, quel
qu’en fusse leur coût économique, comme la fermeture des
commerces non essentiels, des écoles et des frontières,
l’instauration de couvre-feu, l’interdiction de se déplacer entre
régions et de se rassembler, l’obligation du télétravail, lorsque
l’activité le permettait, jusqu’à la fermeture ou la réduction
d’activité des sites industriels, du moins pendant la première
vague. Ces mesures ont effectivement provoqué une chute de
l’activité dans les économies nationales concernées, en rapport
avec la sévérité des mesures. Même celles les moins affectées
par la pandémie, et/ou aux mesures légères ou inexistantes,
ont pu être touchées par le biais de leurs échanges extérieurs,
puisque le commerce mondial pourrait avoir reculé de 8,8 % en
2020 (6 % pour les marchandises et 15 % pour les services).
Celles dépendant fortement du tourisme international ont
même enregistré des récessions, parmi les plus importantes,
alors que le choc sanitaire et les mesures y ont pourtant été
généralement légers. La désorganisation du transport
international, aérien, maritime et routier, avec la réduction des
L’atteinte sanitaire et la sévérité des mesures y ont été
moindres, du moins initialement, alors même l’industrie,
relativement plus importante, était moins touchée que les
services et profitait de la résistance de son important
débouché chinois. Son industrie automobile a été touchée,
mais sans doute moins, du fait de sa spécialisation dans le haut
de gamme. Les Pays-Bas ont aussi été relativement moins
pénalisés (- 4 %) du fait de la légèreté des mesures (en dépit
de la sévérité de l’atteinte sanitaire), du redémarrage assez
rapide des échanges de marchandises, dont ils sont très
dépendants à travers leurs ports, ainsi que du fait que les
néerlandais n’ont eu d’autre choix que de passer leurs
vacances chez eux. Comme à son habitude, l’Irlande a occupé
la première place (2,9 %) en raison de la place majeure de la
pharmacie et de l’informatique, couplée à une atteinte sanitaire
modérée.
Le Royaume- Uni a été fortement touché (- 10,8 %). L’industrie
automobile et le tourisme ont particulièrement souffert.
L’incertitude sur les conditions du Brexit a duré jusqu’au bout,
avec un impact délétère sur l’investissement. L’économie
états-unienne a, quant
à elle fait preuve d’une certaine
résistance (- 3,7 %). Malgré la sévérité de l’atteinte sanitaire, les
mesures pour la contenir ont été généralement modérées. La
demande intérieure
y a été soutenue par une politique
économique très accommodante, tant de la part du Trésor que
de la Fed. La protection contre le chômage a été renforcée et
de l’argent a été versé à tous les ménages. La construction de
logements est restée dynamique grâce aux bas taux d’intérêt
et
à l’effet de richesse lié aux excellentes performances
boursières. Le dynamisme de la pharmacie et du numérique a
contrebalancé la méforme de l’énergie, de la distribution, du
tourisme et de l’aéronautique. L’économie nippone a réalisé
une performance proche (- 5,3 %), vraisemblablement parce
que l’épidémie, contenue, n’a pas nécessité l’adoption de
mesures sévères, mais aussi parce que la résistance de ses
principaux débouchés extérieurs (Chine, Corée du sud et
Etats- Unis), ainsi que celle des secteurs de haute technologie,
a compensé en partie la disparition des touristes étrangers.
capacités, encore loin d’être corrigé en fin d’année,
a
L’Australie
a réalisé une performance voisine (- 3 %), le
évidemment joué négativement. Afin de limiter l’impact, les
Etats ont laissé jouer les stabilisateurs automatiques et, pour
certains, dans la mesure de leurs moyens, adopté des
politiques budgétaires et monétaires de soutien aux ménages
et aux entreprises. Parmi les mesures adoptées, on peut citer :
la baisse ou le report d’impôts et de charges, la prise en charge
du chômage partiel, la suspension des licenciements et des
procédures collectives, celle des remboursements de crédit, la
distribution d’argent aux ménages, la baisse des taux d’intérêt,
la fourniture de liquidités aux banques, la garantie de prêts.
Nonobstant, toutes les régions du monde ont peu ou prou
souffert. Les économies avancées ont enregistré un recul de
5,1 % (après une faible progression de 1,6 % en 2019), tandis que
les émergentes fléchissaient de 2,3 % (après une progression
de 3,7 %).
dynamisme de la demande chinoise en matières première
(hors charbon soumis à un embargo officieux), celui de la
construction de logements soutenue par un crédit bon marché,
le caractère limité de l’atteinte sanitaire et des mesures liées
ayant contrebalancé la disparition du tourisme et des étudiants
étrangers. La Corée du sud (- 1 %) et Taïwan (3,0 %) ont profité
d’une excellente maîtrise de l’épidémie, de la bonne tenue de
leurs exportations de composants électroniques et de produits
de haute technologie, d’une politique économique très
accommodante, ainsi que, pour la seconde, du conflit
commercial entre Chine et Etats- Unis qui
a provoqué le
rapatriement d’activités manufacturières depuis la Chine
continentale.
Parmi les régions émergentes, l’Amérique latine est celle qui a
enregistré la pire performance (- 7,2 %), plus mauvaise que
celle de la zone euro. Il est vrai qu’elle sortait d’une année 2019
médiocre, avec une croissance de seulement 0,7 %. L’Argentine
s’est enfoncée un peu plus dans la récession (- 11 % après
- 2,1 %), malgré la forte augmentation de la dépense publique.
La consommation, déjà affectée par le chômage et l’inflation, a
été frappée par la crise sanitaire et la sévérité des mesures
La zone euro a enregistré l’un des plus forts reculs (- 6,5 %)
parmi toutes les régions du monde, entrainée par l’Espagne
(- 11,0 %), la Grèce (- 9,3 %), l’Italie (- 8,8 %), la France (-8,3 %),
le Portugal (- 7,6 %), et la Belgique (- 6,2 %), du fait de la
brutalité du choc sanitaire et de la dureté des mesures
prophylactiques, mais aussi de leur importante exposition aux
services, au premier rang desquels le tourisme, où l’interaction
sociale joue un grand rôle et sur lequel les mesures de
distanciation ont eu un effet ravageur. Dans le cas de la
France, de la Belgique et de l’Espagne, la place importante des
industries automobile et/ou aéronautique, malmenées, a joué
connexes. L’investissement
a
souffert du contrôle des
mouvements de capitaux et de l’incertaine politique
économique dans un contexte de renégociation de la dette. Le
Pérou (- 12 %) a affronté un choc sanitaire extrême, face auquel
les autorités, malgré leur important soutien budgétaire, ont
peiné en raison de la forte informalité et de moyens sanitaires
aussi un rôle. L’Allemagne (- 5,0 %)
a été moins touchée.
(1) Estimations du Groupe.
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DOCUMENT D'ENREGISTREMENT UNIVERSEL 2020